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Par TawhidWaSunnah le 15 Février 2014 à 23:59
Louange à Allah et que la Bénédiction et la Paix d'Allah soient sur notre Prophète Muhammad ,sa famille, ses compagnons et quiconque suit sa voie.
Les questions touchant à la définition du voyage sont parmi celles sur lesquelles les savants ont émis le plus d'avis différents. C'est une question importante car elle concerne la plupart des gens à un moment de leur vie. Nous avons choisi d'aborder cette question en sélectionnant des extraits de propos de shaykh Al-Albânî (à défaut d'avoir pu trouver l'ensemble des points réunis dans une seule réponse) car l'avis de shaykh se situe à la croisée de nombreux avis et est quasi conforme aux avis d'autres savants passés et contemporains (notamment shaykh Al-'Uthaymin, sauf sur quelques détails). Mais aussi, comme bien souvent, on prête à shaykh Al-Albânî des propos qui ne sont pas les siens. Nous nous excusons de la longueur de l'article, mais il est impossible de faire très court si on veut bien expliquer les tenants et aboutissants de cette question, et nous demandons au lecteur un effort d'attention tout particulier tant la question est subtile. La divergence entre les savants naît principalement d'une divergence sur ce qui est considéré comme un voyage, le shaykh nous en donne ici la définition :
Écouter le shaykh
Question : Quelle est la définition langagière et religieuse du voyage ?
Réponse : « Dans la langue, le terme voyage désigne le fait de quitter les habitations de la ville dans laquelle on réside. Entendu ? Quitter les habitations de la ville dans laquelle on réside. Du point de vue religieux, cela désigne toute sortie [de la ville] accompagnée de l'intention de voyager, ce qui implique une préparation qui n'est pas celle du résident. Nul doute que le voyageur se prépare d'une manière particulière pour son voyage. La première chose est l'intention. Pour ce qui est de votre cas à vous, je ne pense pas qu'un seul d'entre vous ait eu l'intention de voyager dans ce trajet que vous avez effectué, et qu'un seul d'entre vous n'ait fait ses adieux à ses enfants ou son épouse, comme le fait le voyageur. Et aucun d'entre vous ne s'est préparé comme un voyageur, et rien d'autre parmi les choses qu'implique le véritable voyage. Voilà ce que l'on peut dire concernant le voyage d'un point de vue religieux, sachant qu'il y a de grands débats sur cette question depuis le passé jusqu'à nos jours en raison de la grande subtilité de cette question et l'absence d'une définition claire coupant court aux débats dans le Coran et la Sunna. Mais c'est là l'avis qui nous semble le plus juste dans la définition du voyage d'un point de vue religieux. »
On voit donc l'importance de l'intention, et le simple fait de parcourir une distance quelle qu'elle soit ne suffit pas à qualifier un trajet de voyage du point de vue religieux. Cela apparaît plus clairement dans l'extrait suivant où shaykh Al-Albânî a apparemment parcouru une longue distance mais à la surprise des frères présents, le shaykh a accompli la prière normalement sans raccourcir sa prière à deux raka'at comme il aurait pu le faire s'il était en voyage.
Écouter le shaykh
Question : Pourquoi as-tu accompli une prière de quatre raka'at ?
Réponse : Je n'ai pas eu l'intention de voyager.
Question : Nous voudrions plus de détails.
Réponse : Et pourquoi as-tu prié deux raka'at ?
Question : J'ai accompli deux raka'at en me basant sur ce que j'ai entendu de vous.
Réponse : Et qui est ?
Question : Que nous étions voyageurs.
Réponse : Où as-tu entendu cela de moi ?
Question : J'ai interrogé à ce sujet Abû Sâlih.
Réponse : Et tu as entendu cela de moi maintenant ? Ce que j'ai dit est que celui qui se déplace
d'un endroit à un autre en cherchant les pâturages ou l'herbe est voyageur. Ce qui n'est pas notre
cas, car nous avons quitté notre ville pour y revenir en soirée. Donc pour moi la question n'est pas
de parcourir une distance donnée, mais plutôt de considérer deux choses : la première qui en est
le fondement est l'intention, et la deuxième est de sortir de la ville. Si on a l'intention de
voyager et que l'on sort de la ville, les règles du voyage s'appliquent, sans prendre en considération
la distance parcourue par la suite, qu'elle soit longue ou courte. Si l'intention n'est pas présente, on
peut parcourir une longue distance, on n'est pas pour autant considéré comme étant voyageur, car
le voyage fait partie des choses liées à ce hadith à propos duquel certains savants ont dit qu'il
représentait le tiers de la religion : « Les actes ne valent que par leurs intentions, et chaque
individu n'est récompensé qu'en fonction de son intention. » En vérité, cela fait partie des
questions très subtiles sur lesquelles ont divergé les savants sans pouvoir se mettre
d'accord sur une position totalement claire, si bien qu'aucun ne peut dire ceci est la
vérité et rien d'autre. Personne ne peut dire cela. La seule chose que l'on puisse dire
est : mon avis est celui-ci.
Pour ma part, j'ai pour avis ce que j'ai compris de l'épître de Shaykh Al-Islâm ibn Taymiyyah sur ce
sujet. Il a en effet consacré une épître aux règles du voyage. Il y a donné un exemple remarquable
permettant au chercheur et à l'étudiant en science de comprendre que le voyage n'est pas lié au
parcours d'une longue ou courte distance. Pour ce qui est des courtes distances, je pense que cela
ne donne lieu à aucun débat, car il est authentifié que le Prophète (salallahu 'alayhi wasalam) sortait
parfois de la ville de Médine pour se rendre au cimetière de Al-Baqi' (à cette époque le cimetière
n'était pas encore dans la ville) pour saluer les morts puis revenir, de même qu'il rendait parfois
visite aux martyrs au mont Uhud pour les saluer puis revenir, sans pour autant se considérer
voyageur, bien qu'il soit sorti de la ville. A l'opposé, parcourir une longue distance n'implique pas
nécessairement d'être voyageur.
L'exemple donné par Shaykh Al-Islâm ibn Taymiyyah est le suivant : il évoqua les environs de
Damas et une ville connue jusqu'à nos jours sous le nom de Dûmah. Il parla d'un homme quittant
Damas pour chasser à Dûmah, parcourant ainsi 15km. Nul doute que pour nous, si la condition de
base qu'est l'intention est présente, alors c'est un voyage. Mais il dit que cet homme n'est pas
voyageur car il a quitté la ville pour chasser et revenir. Mais il ne trouva pas le gibier escompté si
bien qu'il poursuivit son chemin jusqu'à parvenir à la ville de Halab située à une distance d'environ
400km de Damas de nos jours par la route. Il dit donc que cet homme n'est pas voyageur bien qu'il
ait parcouru plusieurs fois la distance lui permettant d'être considéré comme voyageur. Ceci car la
première condition qui est l'intention de voyager n'était pas présente chez cet homme. Ainsi, nous
pouvons dire que le chauffeur de taxi quittant 'Ammân le matin pour se rendre à Al-'Aqabah et
revenir le soir n'est pas voyageur, car son intention n'est pas de voyager mais d'accomplir son
travail. Nous devons donc souligner cette condition de base qu'est l'intention pour montrer que la
règle peut être différente pour deux hommes parcourant la même distance : le premier étant
considéré comme voyageur et pas le second, et ce en raison de leurs différentes intentions.
De même que découlent de ce point les règles de la résidence (l'établissement) temporaire en un
lieu. Deux hommes quittent la ville en tant que voyageurs et s'installent [pour un temps] dans une
autre ville. Le premier s'installe en tant que voyageur alors que le deuxième est considéré comme
résident. Pourquoi ? Car il a une deuxième épouse dans cette ville, donc il a quitté une épouse pour
se rendre chez une autre. Donc le fait qu'il trouve une épouse qui l'accueille et facilite son
installation conduit à ce que sa situation diffère de celle de son compagnon. Nous pouvons donc en
tirer un profit très important qui est que les règles du voyageur, malgré leur subtilité, diffèrent d'un
individu à l'autre, et ainsi nous ne pouvons imposer à un individu une règle s'appliquant à un autre,
et inversement. Chaque serviteur doit donc prendre l'avis qu'il pense être le plus conforme à la
vérité… Nul doute que l'usage est essentiel pour celui qui a l'intention de voyager (afin de
déterminer ce qui est considéré comme un voyage ou non), quant à celui qui n'a pas l'intention de
voyager, cela ne limite en rien… »
On peut donc voir dans les propos de shaykh Albânî (et c'est également l'avis de la majorité des
savants) que le voyage commence lorsqu'on quitte les limites de la ville dans laquelle on
réside et qu'il se termine lorsqu'on revient à ces mêmes limites, comme le dit Anas : « J'ai
accompli le Dhuhr avec le Prophète (salallahu 'alayhi wasalam) en quatre raka'at à Médine, et en
deux raka'at à Dhul-Hulayfah (à la sortie de la ville). » Ainsi, comme l'explique shaykh Al-'Uthaymin
dans Sharh Al-Mumti' : si on sort de sa ville et qu'on se rend à l'aéroport, on peut déjà y regrouper
les prières, comme cela est permis pendant le voyage. Il n'y a pas non plus de distance minimale à
accomplir en dessous de laquelle on ne peut appliquer les règles du voyage ainsi que le démontre
entre autres shaykh Siddîq Hasan Khân dans At-Ta'liqât Ar-Radiyyah et shaykh Al-'Uthaymin dans
Sharh Al-Mumti' qui dit que les hadiths utilisés pour fixer une distance sont divers et ne visent pas à
délimiter ce qu'est un voyage. Parmi ces distances, une unité de mesure particulièrement répandue,
le Barîd qui représente la distance parcourue à vitesse moyenne par une monture en une demi
journée. L'avis répandu est qu'on ne peut appliquer les règles du voyage en deçà de quatre Burud
(pluriel de Barîd), ce qui représente 77km, alors qu'il est rapporté dans le Sahîh Muslim par Anas :
« Lorsque le Prophète (salallahu 'alayhi wasalam) parcourait trois miles ou Farâsikh (unité de
mesure de distance), il accomplissait deux raka'at. » On voit ici que la distance évoquée par Anas
n'est plus que d'environ 15km, donc très loin des 77km. Shaykh Al-'Uthaymin conclut ce point en
rappelant que les Textes restent généraux et ne précisent aucune distance, c'est pourquoi
il est nécessaire de se référer à l'usage (connu chez les gens et dans la langue) pour
définir ce qui est un voyage ou non. Notons tout de même que bon nombre de savants ne sont
pas de l'avis de shaykh Al-Albânî concernant le chauffeur de taxi parcourant tous les jours de
longues distances, et ils disent qu'il ne cesse d'être en voyage dès qu'il quitte sa ville et que c'est là
sa fonction : voyager pour transporter les gens.
Une fois qu'on a eu l'intention de voyager et que l'on quitte les limites de sa ville, les règles du
voyage s'appliquent et elles sont les suivantes :
Écouter le shaykh
« S'ils sont voyageurs et s'arrêtent en un endroit et qu'on entre dans le temps de la première
prière, celle de Dhuhr, la sunna consiste à ce qu'ils regroupent les prières du Dhuhr et 'Asr, en
avançant l'accomplissement du 'Asr à l'heure du Dhuhr. Et si au contraire ils continuent à se
déplacer lorsqu'arrive le Dhuhr et poursuivent leur chemin jusqu'à entrer dans le temps du 'Asr, ils
doivent alors s'arrêter et accomplir [dans cet ordre] les prières du Dhuhr et 'Asr en ayant repoussé
l'accomplissement du Dhuhr au temps du 'Asr. En résumé, s'ils sont arrêtés à l'heure du Dhuhr
, ils regroupent les deux prières en avançant l'accomplissement du 'Asr, sinon, ils
regroupent à l'heure du 'Asr en repoussant l'accomplissement du Dhuhr. De même, il leur
est obligatoire d'accomplir ces prières en deux raka'at et non en quatre raka'at, car cela est
une obligation et non une permission, et c'est là l'avis des savants le plus authentique […]
Ceci au contraire du regroupement des prières qui est une permission, en ce sens qu'il leur est
permis d'accomplir en voyage chaque prière à son heure. Mais le plus aimé auprès d'Allah est qu'on
accepte Ses permissions, comme le dit le Prophète (salallahu 'alayhi wasalam) : « Allah aime qu'on
prenne Ses permissions, comme Il aime qu'on accomplisse Ses obligations. » et dans un autre
hadith : « Allah aime qu'on prenne Ses permissions, comme Il déteste qu'on Lui désobéisse. » Il
est donc meilleur de regrouper les deux prières, surtout s'il y a une quelconque forme de
difficulté (à accomplir chaque prière à son heure). Le musulman ne doit pas se détourner des
permissions d'Allah, car cela cache une forme secrète de fierté et d'orgueil face à la permission
d'Allah comme l'a montré le Prophète (salallahu 'alayhi wasalam) lorsqu'un homme l'interrogea en
lui rappelant la Parole d'Allah : « Ce n'est pas un péché pour vous de raccourcir la prière, si
vous craignez que les mécréants ne vous causent du tort » et il lui dit : « Ô Messager
d'Allah ! Pourquoi raccourcissons-nous la prière alors que nous sommes en sécurité ? Alors que
notre Seigneur dit : « si vous craignez que les mécréants ne vous causent du tort » Le
Prophète (salallahu 'alayhi wasalam) dit : « C'est une aumône qu'Allah vous fait, acceptez donc
l'aumône d'Allah. » Est-il permis à l'esclave de refuser l'aumône de son maître, alors qu'Allah est le
Maître des maîtres comme l'a montré le Prophète (salallahu 'alayhi wasalam) lorsqu'un homme lui
dit : « Tu es notre maître. » Il répondit : « Le vrai Maître est Allah. » Si l'esclave ne peut refuser le
don de son maître alors qu'il est une créature comme lui, alors comment refuser le don du Créateur.
Ainsi, puisque nous connaissons maintenant la différence entre l'obligation de raccourcir les prières
et la permission de les regrouper, il ne faut pas négliger cette permission et l'accepter en remerciant
Allah pour Sa bonté envers nous. En résumé : le raccourcissement est obligatoire et le
regroupement est recommandé.
De même, on accomplit pour les deux prières regroupées un seul adhân et deux iqâmah.
On n'accomplit pas l'adhân pour chaque prière mais un seul [avant la première prière], et avant
chaque prière un iqâmah, c'est là la chose la plus authentique qui ait été rapporté du Prophète (
salallahu 'alayhi wasalam), comme dans la description du pèlerinage d'adieu qu'a fait Jâbir Ibn
'Abdillah Al-Ansârî. Je dis cela car il y a d'autres versions, y compris dans les recueils de hadiths
authentiques (Al-Bukhârî et Muslim) disant que lorsque le Prophète (salallahu 'alayhi wasalam)
regroupa les prières à Minâ, il y eut deux adhân et deux iqâmah, mais dans le lexique des
spécialistes du hadith, on dit que la mention des deux adhân n'est pas ce qui est transmis par la
majorité des rapporteurs qui est un seul adhân pour les deux prières et un iqâmah pour chaque
prière.
Dès que l'on a accomplit la première prière, on se lève pour accomplir l'iqâmah de la
deuxième prière, sans espacement par la récitation de formules d'évocation et encore
moins par l'accomplissement de prières surérogatoires car celles-ci cessent lors du
voyage. Les prières qu'il est légiféré d'accomplir avant et après la prière, comme pour la prière du
Dhuhr par exemple, toutes ces prières surérogatoires cessent, sauf pour deux d'entre
elles : la prière surérogatoire du Fajr et celle du Witr, comme le dit 'Âishah : « Le Prophète (
salallahu 'alayhi wasalam) ne délaissait jamais ces deux raka'at (surérogatoires du Fajr) qu'il soit
voyageur ou résident. », ce qui montre l'importance de ces deux raka'at. Cela est appuyé par la
parole du Prophète (salallahu 'alayhi wasalam) : « Les deux raka'at [surérogatoires] de l'aube sont
meilleures que ce monde et tout ce qu'il contient. » c'est pourquoi le Prophète (salallahu 'alayhi
wasalam) les accomplissait même en voyage. De même pour les deux raka'at du Witr que le
Prophète (salallahu 'alayhi wasalam) accomplissait également en voyage, même en chevauchant sa
monture lorsqu'il ne pouvait s'arrêter pour les accomplir au sol. Ainsi, lorsqu'ils ont terminé la
première prière et qu'on prononce l'iqamah de la deuxième, il n'y a pas d'espacement ni par des
formules d'évocation ni par des prières surérogatoires. Ensuite, lorsqu'ils ont accompli la deuxième
prière, on ne trouve rien dans la Sunna nous empêchant de prononcer les formules d'évocation
connues après les prières à toute heure, mais il n'y a pas d'espacement dans l'accomplissement des
deux prières obligatoires. »
Nous savons donc maintenant que le voyage n'a pas de distance fixe et qu'à partir du moment où on
quitte sa ville avec l'intention de voyager, les règles du voyage s'appliquent, mais pas avant. Nous
avons également vu comment devait s'accomplir la prière du voyageur et qu'il lui était obligatoire de
raccourcir et permis de regrouper les prières du Dhuhr et 'Asr (en deux raka'at chacune, à l'heure
d'une des deux prières), du Maghrib et 'Ishâ (en trois et deux raka'at, à l'heure d'une des deux
prières), la prière du Fajr, elle, ne changeant pas. Nous reviendrons plus tard sur quelques règles
complémentaires de la prière du voyageur, mais reste à présent à évoquer la question sur laquelle
ont le plus divergé les savants : combien de temps reste-t-on voyageur ? Il va de soi que tant
qu'on continue à se déplacer de jour en jour, cela ne suscite pas de divergence. Mais les avis des
savants ont divergé sur le cas du « voyageur » qui s'installe un moment donné à un endroit.
Reste-t-il voyageur ? Si oui, combien de temps ? Devient-il résident ? Si oui, au bout de combien de
temps ?
Écouter le shaykh
Question : Quelle est la limite (de temps) permettant le raccourcissement de la prière ?
Réponse : « Tu veux dire pendant le voyage ? On ne trouve ni dans le Coran ni dans la
Sunna de limites de distances ou de temps. Nous pouvons tous lire dans le Coran la manière
dont Allah expose une question liée aux jeûneurs « Quiconque d'entre vous est malade ou en
voyage devra jeûner plus tard un nombre égal de jours. » (Al-Baqarah, 184) Ce qui nous
intéresse ici dans ce verset est qu'Allah dit : «Quiconque d'entre vous est malade ou en
voyage ». Ainsi, de la même manière qu'Il n'a pas donné de limites à la maladie, Il n'a pas fixé non
plus de limites au voyage. C'est pourquoi toute personne quittant la ville où elle réside devient
voyageuse, car le voyage est lié au fait de sortir de la ville. Si quelqu'un quitte sa ville avec
l'intention de voyager, il devient voyageur, qu'il parcourt une courte ou longue distance. Ce qui va
déterminer ce qu'est un voyage est l'usage et la langue, et non la distance que la plupart des gens
ignorent. C'est cet avis qu'il faut prendre en compte et ne pas troubler les esprits en
fixant des distances pour délimiter le voyage, car on ne trouve rien de cela dans le Coran
ou la Sunna […]
[Arriver à destination, tout dépend de son intention] soit cet individu veut s'installer
[temporairement ou définitivement] à cet endroit, soit il ne veut pas s'y fixer. S'il veut s'y
installer il n'est plus voyageur et doit appliquer les règles du résident, mais s'il ne veut
pas s'installer en ce lieu il reste voyageur et les règles du voyage s'appliquent comme la
permission de rompre le jeûne pendant Ramadan, de regrouper les prières connues, l'obligation de
raccourcir les prières, et d'autres choses encore. Mais il faut prêter attention à un point que nos
pieux prédécesseurs ont pris en considération. Ils ne disaient pas d'un homme qui s'installait (pour
un temps) en un lieu qu'il n'était plus pour autant voyageur, mais ils utilisaient des termes plus
précis que le fait de dire : « il a l'intention de s'installer. » Ainsi, ils disaient : « Il s'est décidé (
Ajma'a) à s'installer. », c'est pourquoi je dis en suivant leur exemple : le voyageur qui arrive
dans une ville et se décide à s'y installer (temporairement), devient résident, mais s'il ne
se décide pas à s'y installer, il reste voyageur.
Il peut donc se décider à s'installer (ce que l'on peut facilement concevoir) ou au contraire « ne pas
se décider à s'installer », mais comment cela se manifeste-t-il concrètement ? Nous disons : celui
qui arrive dans une ville pour y réaliser une affaire (ou accomplir une tâche, etc) et se décide à
s'installer et ainsi se repose et se met au calme, devient résident. Mais s'il se dit : demain je repars,
après-demain je repars, en raison des incertitudes qui pèsent sur le chemin qu'il doit emprunter,
alors il ne s'est pas décider à s'installer, il est hésite dans son intention, si bien qu'il reste voyageur
dans cette situation, même si elle dure plusieurs mois. Ainsi, on rapporte authentiquement que
lorsque Ibn 'Umar est parti livrer une bataille, après la mort du Prophète (salallahu 'alayhi wasalam),
aux environs de Khurâsân (aujourd'hui au Nord-Est de l'Iran), ils furent pris dans la neige et ils
établirent un campement où ils raccourcirent la prière pendant six mois, jusqu'à ce que le chemin se
libère et qu'ils puissent retourner chez eux. Voilà ce que l'on peut dire sur le voyage et ses limites,
et en résumé il n'y a aucune preuve ni dans le Coran ni dans la Sunna venant délimiter le
temps du voyage ou de l'installation, et tout ce qui a pu être rapporté en ce sens doit
être interprété en fonction de l'intention qu'ont eu [le Prophète ou les compagnons de
s'installer ou non]. »
Shaykh Al-Albânî reprend là aussi l'avis de Shaykh Al-Islâm ibn Taymiyyah, tout comme shaykh
Al-'Uthaymin qui rapporte ses propos en disant : « Le voyageur reste voyageur tant qu'il n'a
pas une des deux intentions suivantes : 1_ s'installer définitivement. 2_ s'installer
temporairement. » Shaykh Al-'Uthaymin dit : « La différence est que dans le premier cas, le
voyageur s'installe définitivement et fait de cette ville sa résidence principale. Alors que dans le
deuxième cas, il arrive dans une ville et constate qu'il y a beaucoup à faire ou que c'est un bon
endroit pour rechercher la science. Il a donc l'intention d'y rester sans pour autant délimiter cela par
un temps ou une tâche. Mais son intention est de s'installer (pour un temps) car la ville lui plait, soit
par la science qu'on y trouve, soit pour la vivacité de son commerce, ou encore parce qu'il est
fonctionnaire d'état comme le sont les ambassadeurs. La base dans ce cas est que cet individu n'est
plus voyageur, car il a eu l'intention de s'installer, ainsi les règles du voyageur ne s'appliquent plus à
lui. » (Sharh Al-Mumti', 2/255).
Prenons un exemple peut être plus parlant pour le lecteur. Je voyage et visite l'Arabie Saoudite en
allant de ville en ville. Depuis que j'ai quitté mon domicile en France, je suis voyageur. J'arrive à
Jeddah, une ville que je ne connais pas et je me dis : je vais visiter pour voir. Je suis toujours
voyageur car je reste sur cet état premier tant que je ne prends pas la décision de m'installer. Au
lendemain, après quelques visites, je m'aperçois que la ville ne me plaît pas et que je vais me rendre
à Riyad. Arrivé sur place, alors que je suis toujours voyageur, je m'aperçois que la ville me plaît, qu'il
y a de nombreuses activités qui m'intéressent et que je m'y établirai bien un moment pour en
découvrir les multiples facettes, sans pour autant me fixer une limite de temps, à ce moment je
devient « résident », c'est-à-dire que les règles du voyage ne s'appliquent plus à moi, bien que
dans l'absolu, comme le dit shaykh Al-Albânî, je suis toujours voyageur, puisque cette ville n'est pas
la mienne et que je vais revenir chez moi à un moment ou un autre.
Maintenant qu'en est-il si l'on sait combien de temps on va séjourner dans une ville, ou si
l'on sait que ce séjour va durer ? Pour certains savants, les règles du voyage ne s'appliquent
plus après quatre jours, pour d'autres après vingt jours, et au contraire d'autres sont d'avis que
malgré tout les règles du voyage demeurent même si on reste au même endroit pendant des
années. Alors qu'en est-il ? On interrogea shaykh Al-Albânî à propos d'un groupe d'étudiants venus
passer leurs examens à Amman pour une durée de dix jours, devaient-ils être considérés comme
voyageurs ou résidents ?
Écouter le shaykh
« Ce que nous voulons montrer est que cette limite (de quatre jours fixés par certains
savants) n'a aucune valeur. Un homme arrive dans une ville et veut y passer cinq jours, cela n'en
fait pas pour autant un résident, il est toujours en voyage. Tant qu'il est comme Allah dit : «
Quiconque d'entre vous est malade ou en voyage » alors il ne cesse d'être voyageur et les
règles du voyage s'appliquent à lui. Si ce groupe (d'étudiants) vient jusqu'ici et que de nos jours
l'usage répandu chez les gens fait de ce trajet un voyage, et qu'ils vont retourner chez eux, alors ils
sont voyageurs, sauf s'ils veulent s'installer ici sans vouloir repartir d'où ils sont venus. En résumé, il
n'y a aucune preuve pour montrer que celui qui a l'intention de rester plus de quatre jours devient
résident, même s'il est toujours en voyage. »
Il dit également dans une autre cassette en évoquant ceux qui partent étudier plusieurs années à
l'étranger, et pour lesquels certains savants appliquent une analogie avec le récit de Ibn 'Umar qui
raccourcit la prière pendant six mois, lorsqu'il fut pris dans la neige :
Écouter le shaykh
« Peut on comparer cela (le récit de Ibn 'Umar) avec ce que nous entendons de certains savants de
nos jours qui disent à propos de certains étudiants qui voyagent d'un pays à un autre, qu'il s'agisse
d'un pays d'islam ou de mécréance, pour leurs études ? Un étudiant quitte par exemple un pays
arabe pour se rendre aux USA ou en Europe afin d'y demeurer plusieurs longues années, quatre
voire plus. Ces savants disent qu'il est voyageur. Comment serait-il voyageur. Nous disons : la
parole d'Allah « Quiconque d'entre vous est [..] en voyage » s'applique-t-elle à lui ? Non,
jamais ! C'est un résident, même en considérant que lorsqu'il est arrivé dans ce pays, il n'avait pas
l'intention de s'installer. Mais en vérité, il voulait s'installer, ne serait-ce que le temps des études.
Puis lorsque vient le temps de visiter son pays pendant les vacances, il le fait, sinon il n'y revient
pas. La question est donc très subtile, mais si l'étudiant en science médite sur ce point, il verra si
Allah le veut qu'en fait elle est très claire. »
Effectivement, la question est très subtile et tout dépend de l'intention profonde de chacun. Veut-on
s'installer réellement, même pour une courte période, ou ne sommes-nous que de passage ? Celui
qui est installé dans une ville et mène une vie similaire aux habitants de cette ville, peut-il
réellement se dire qu'il est encore voyageur dans le sens où les règles du voyage s'appliquent
encore pour lui ? Bien sûr que dans l'absolu il reste « voyageur » puisqu'il retournera un jour chez
lui, même après quatre années d'étude, mais shaykh Al-Albânî explique bien en d'autres endroits
qu'Allah a légiféré les règles du voyage d'une manière très précise, Il dit : « Quiconque d'entre
vous est malade ou en voyage » et Il n'a pas dit : « Quiconque d'entre vous est malade ou
voyageur », il y a là une grande nuance dans l'emploi des termes et cela change tout dans
l'application des règles. Ainsi, on peut être « voyageur » tout en s'établissant un temps (court ou
long) quelque part. Pour que les règles du voyage s'appliquent, il ne suffit pas d'être « voyageur »,
mais il faut être en voyage, donc « sur le départ », et ne pas avoir l'intention de s'installer et de
rester. Les deux exemples que donne shaykh Al-Albânî sont très clairs : le premier groupe
d'étudiants est venu un court moment à Amman pour passer des examens, sans avoir l'intention de
s'y établir mais uniquement pour accomplir le but de leur voyage. Dans le deuxième cas, ces autres
étudiants partent aussi pour accomplir un objectif, mais cela implique nécessairement qu'ils
s'installent et s'établissent à un endroit, vivants ainsi à la manière des résidents.
Revenons maintenant pour conclure à quelques règles spécifiques à la prière du voyageur.
Le voyageur doit-il prier en groupe ?
Écouter le shaykh
Question : Quelle est la règle concernant le voyageur qui entend l'appel à la prière ?
Réponse : Si nous croyons avec conviction que le voyageur n'est pas obligé d'accomplir la prière du
Jumu'ah (et c'est l'avis de la majorité des savants), et que l'obligation d'assister à la prière du
Jumu'ah est plus forte encore que la simple prière en commun, et que malgré tout le voyageur n'est
pas obligé d'y assister. Alors, a fortiori, l'obligation d'assister à la prière en commun cesse. Mais une
autre obligation pèse sur ce voyageur et qui est : s'il se trouve avec un groupe de voyageurs ou un
groupe de résidents et qu'on appelle à la prière, dans ce cas il lui est obligatoire de prier en
commun. Ceci car il est rapporté dans Al-Bukhârî, ces propos du Prophète (salallahu 'alayhi wasalam
) adressés à Mâlik Ibn Al-Huwayrith : « Si vous êtes en voyage, que l'un de vous appelle à la prière,
et que le plus âgé d'entre vous dirige la prière. » Donc il leur a ordonné d'accomplir la prière en
groupe, un groupe spécifique de voyageurs. C'est là la réponse. »
Nous rappelons également que shaykh Al-Albânî insiste sur le fait que le prieur doit faire tout ce qu'il
peut pour prier en direction de la Qiblah et que s'il ne sait trouver sans instrument la direction de La
Mecque, il lui est obligatoire d'utiliser une boussole. Dans le même sens, shaykh Ibn Bâz dit que
celui qui prie dans la mauvaise direction en terre d'islam, alors qu'il avait la possibilité de demander,
sa prière est invalide (voir Fatâwâ As-Salât).
Que doit faire le voyageur qui prie derrière un imam résident ?
Écouter le shaykh
Question : Tu es voyageur et te joins à un groupe de résidents accomplissant la prière du 'Asr ou
une autre prière de quatre raka'at. Tu n'arrives que pour les deux dernières raka'at, alors que
fais-tu, tu salues avec l'imam ou tu complètes à quatre raka'at ? Et quelles sont les preuves à ce
sujet ?
Réponse : Lorsque le voyageur prie derrière un imam résident, la prière du voyageur se transforme
en la prière de ce résident. Donc, même si le voyageur rejoint l'imam juste avant le salut final et que
l'imam quitte la prière, le voyageur doit compléter totalement la prière. Ceci car il est rapporté dans
le Sahih Muslim et le Musnad de l'imam Ahmad, qu'on interrogea 'Abdallah Ibn 'Abbas à propos du
nomade qui raccourcit la prière lorsqu'il est en voyage, donc comment devait-il prier ici à La
Mecque, derrière l'imam ? Il répondit : « Il accomplit une prière normale (de quatre raka'at), et
c'est là la sunna de Abû Al-Qâsim (le Prophète (salallahu 'alayhi wasalam)). » C'est une preuve claire
sur cette question, et cela est appuyé par la globalité de la parole du Prophète (salallahu 'alayhi
wasalam) rapportée par Al-Bukhârî et Muslim : « L'imam n'est là que pour être suivi. » Donc,
lorsque le voyageur prie derrière un imam résident, la prière du voyageur se transforme en prière de
résident, et il doit prier normalement, et ce même s'il manque toutes les raka'at (avec l'imam)
comme nous l'avons rappelé. »
Comment le voyageur doit-il accomplir la prière en tant qu'imam s'il y a derrière lui des
résidents ?
Écouter le shaykh
« L'imam voyageur n'a pas le droit d'accomplir une prière de quatre raka'at, mais il doit suivre le
Prophète (salallahu 'alayhi wasalam) en toute situation et se conformer à sa parole lorsqu'on lui
dit : « Ô Messager d'Allah ! Pourquoi raccourcissons-nous la prière alors que nous sommes en
sécurité ? Le Prophète (salallahu 'alayhi wasalam) dit : « C'est une aumône qu'Allah vous fait,
acceptez donc l'aumône d'Allah. » Le voyageur qui dirige les gens dans la prière doit raccourcir la
prière. Par exemple, si je vous dirige dans la prière, j'accomplirai la prière du I'sha en deux raka'at,
par contre vous devrez vous l'accomplir en quatre raka'at. Car l'obligation pour moi est de
l'accomplir en deux raka'at, alors que pour vous c'est de l'accomplir en quatre raka'at. Il ne m'est
pas permis de prêter attention à vous, ou en des termes plus précis : il ne m'est pas permis de vous
suivre dans la prière. Votre prière est celle du résident, alors que ma prière est celle du voyageur.
L'imam ne doit pas devenir un fidèle, et inversement le fidèle ne devient pas imam, de sorte que le
fidèle suive l'imam qui, lui-même suit le fidèle, non. Ainsi, si une personne résidente prie
derrière un imam voyageur, elle doit compléter sa prière lorsque l'imam prononce le
salut final. A l'inverse, lorsqu'un voyageur prie derrière un imam résident, la prière du
voyageur devient une prière de résident, et il doit accomplir quatre raka'at. C'est ce
qu'indiquent clairement les Textes, mais vous pouvez entendre le contraire de certaines personnes,
alors prenez garde ! Il est rapporté dans le Sahih Muslim qu'un nomade demanda à 'Abdallah Ibn
'Abbâs qui était lui de La Mecque : « Ô Abû Al-'Abbâs – qui est le surnom de 'Abdallah Ibn 'Abbâs –
Pourquoi lorsque nous sommes en voyage raccourcissons-nous la prière et lorsque nous sommes ici
dans la Mosquée Sacrée, complétons-nous la prière ? » Il répondit : « C'est là la Sunna de Abû
Al-Qâsim. » Ce qui signifie que lorsque le voyageur prie seul, il lui est obligatoire de raccourcir la
prière, mais s'il prie derrière un imam résident, il doit le suivre. Et cette deuxième règle qui apparaît
dans le hadith du Sahih Muslim complète la parole du Prophète (salallahu 'alayhi wasalam) : «
L'imam n'est là que pour être suivi, ne divergez donc pas de lui. » Si tu pries derrière un imam
résident et qu'après s'être assis pour le premier Tashahhud, l'imam se lève et que toi tu prononces le
salut final, tu as divergé de lui en t'opposant à la Sunna authentique que nous venons de rappeler
dans le hadith de Ibn 'Abbâs. »
Mais si l'imam est voyageur, il doit signifier aux gens derrière lui son état afin qu'ils
comprennent pourquoi il n'accomplit que deux raka'at, mais comment doit-il s'y prendre ?
Écouter le shaykh
Question : Lorsqu'un imam voyageur accomplit la prière et qu'il la raccourcit, il se peut qu'il dirige
des gens qui sont eux résidents et on l'entend parfois dire après avoir salué : « votre imam est
voyageur, complétez votre prière. » Est-ce là la Sunna authentique ?
Réponse : Oui, il lui est obligatoire, lorsqu'il dirige des résidents dans la prière, de dire : complétez
votre prière, car nous sommes voyageurs. C'est ce qu'on rapporte du Prophète (salallahu 'alayhi
wasalam) par une chaîne de transmission faible, mais authentiquement du Commandeur des
croyants 'Umar Ibn Al-Khattâb qui dit : « complétez votre prière, car nous sommes voyageurs. »
Mais on ne peut dire cela qu'après le salut final. Mon avis concernant ce salut, et c'est là un avis que
je donne sans pouvoir m'appuyer sur un Texte clair, mais uniquement par compréhension et
déduction des Textes. Je suis d'avis que ce salut doit se faire à voix basse, et ce afin d'appliquer la
parole du Prophète : « La fin de la prière est marquée par le salut final. » S'il prononce cette parole
pendant la prière, c'est une parole (humaine, alors que la prière n'est composée que de louanges et
de récitations, et toute parole n'est adressée qu'à Allah) et la prière est invalidée. Par contre s'il sort
de la prière, celle-ci est valide, même s'il salue à voix basse, de même que la prière serait valide s'il
entrait dans la prière en prononçant le Takbir à voix basse. S'il dirige des résidents dans la prière, je
suis d'avis qu'il prononce le salut final à voix basse afin de ne pas mettre en difficulté les fidèles qui
sont malheureusement le plus souvent inattentifs, si bien qu'ils saluent directement avec l'imam
sans se rendre compte qu'ils doivent compléter la prière. Mais s'il leur dit « complétez votre prière
car nous sommes voyageurs », il est plus probable qu'ils complètent, et je n'en suis pas certain pour
l'avoir vécu plusieurs fois et avoir indiqué que j'étais voyageur, des gens saluaient malgré tout, en
raison de leur grande inattention.
Question : Il vaut mieux qu'il les informe avant la prière.
Réponse : Oui cela est meilleur. Gloire à Allah, tu m'as rappelé un évènement qui s'est déroulé
alors que j'étais à Tabûk chez un ami à qui je rendais visite, et il y avait une mosquée proche de sa
maison. Pour la prière du 'Ishâ, nous nous sommes rendus à la mosquée et il m'a demandé de
diriger la prière. Je lui ai dit discrètement : « Ces gens ne sont pas prêts à voir ce qu'ils considèrent
être une innovation : que l'imam accomplisse deux raka'at, et qu'il leur dise : complétez votre prière, c'est là une chose étrange. Il me dit : pourquoi ne pas leur apprendre la Sunna ? Je dis : j'aimerais le faire mais j'ai peur qu'ils nous fassent des problèmes. Il me dit : ne t'en occupe pas. J'ai donc fait une conférence sur ce thème, mais malgré tout il y eut des problèmes après la prière. Ils dirent : pourquoi laisses-tu cet homme nous diriger dans la prière, il vient nous perturber, etc. Mais comme nous disions auparavant mon frère, c'est la Sunna du Prophète (salallahu 'alayhi wasalam) qui lorsqu'il dirigeait dans la prière des résidents, ne se souciait pas d'eux et raccourcissait la prière.
On a rapporté ces propos de lui comme nous l'avons rappelé précédemment, ainsi que de manière authentique de 'Umar Ibn Al-Khattâb qui était à La Mecque et priait devant des résidents, alors que lui était voyageur. Mais il était le Commandeur des croyants, donc il dirigeait la prière et la raccourcissait. Et il leur disait : « complétez votre prière car nous sommes voyageurs » »
Voilà ce que nous pouvions brièvement exposer à nos frères et sœurs concernant la prière du voyageur, en espérant avoir été aussi fidèle que possible à la traduction des propos de shaykh Al-Albânî – qu'Allah lui fasse miséricorde, illumine sa tombe et lui accorde la meilleure des récompenses. Nous voudrions rappeler que nous avons choisi d'exposer son avis car il nous semblait le plus fidèle aux Textes et qu'il englobait bon nombre de savants. Mais cela reste un avis, et le shaykh lui-même dit : « En vérité, cela fait partie des questions très subtiles sur lesquelles ont divergé les savants sans pouvoir se mettre d'accord sur une position totalement claire, si bien qu'aucun ne peut dire ceci est la vérité et rien d'autre. Personne ne peut dire cela. La seule chose que l'on puisse dire est : mon avis est celui-ci. » Donc si un frère ou une sœur choisi d'adopter un avis autre qui lui semble plus conforme aux Textes, ou si ce frère ou cette sœur n'a pas le niveau nécessaire pour étudier les avis des savants et qu'ils ont interrogé sur ce point un savant qu'ils estimaient digne de confiance et qui leur a donné un autre avis, il convient à tous de respecter ce choix.
Wallahu 'alam
Shaykh Al-Albânî
Traduit et publié par les Salafis de l'Est.
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Par TawhidWaSunnah le 15 Février 2014 à 23:11
بِسْمِ اللهِ الرَّحْمَنِ الرَّحِيمِ
Introduction:
Veille, cher frère, à ce que ta seule préoccupation soit Allah l’Unique, car c’est le plus grand bonheur que tu puisses obtenir.
Celui qui atteint cet état se trouve déjà dans un paradis et un bienfait anticipé avant celui de l’au-delà.
Comme il a été dit par ceux qui ont acquis cette connaissance :
« Il passe sur mon coeur des moments où je me dis : si les gens du paradis étaient dans mon
état, ils seraient certes dans une vie agréable. »
Un autre a dit :
« Il passe sur mon coeur des moments qui le transportent de plaisir. »
Un autre, quant à lui a dit :
« Pauvres sont les gens de ce bas-monde, ils l’ont quitté sans goûter ce qu’il avait de plus savoureux...
On lui demanda : Mais qu’est ce qu’il a de plus savoureux ?
Il répondit : La connaissance d’Allah, l’amour porté à Son égard, la réjouissance de se
rapprocher de Lui et le désir de Le rencontrer. »
Il n’y a pas dans ce bas-monde de bienfait comparable au bienfait des gens du paradis en
dehors de cela.
Pour cette raison le Prophète -salla Allahou ‘alayhi wa salam- a dit :
« On m’a fait aimer dans votre bas-monde les femmes et le parfum et on a mis dans la
prière ma plus grande réjouissance. »
Il nous informe par ce hadith qu’Allah lui a fait aimer de ce bas-monde deux choses : Les femmes et le parfum.
Ensuite il -salla Allahou ‘alayhi wa salam- a dit « Et on a mis dans la prière ma plus grande réjouissance. »
La plus grande réjouissance est au-dessus de l’amour et ce n’est pas à travers toutes les choses
que l’on aime que nous l’atteignions.
Celle-ci est obtenue seulement par ce qui est le plus aimé, Le seul que l’on aime pour son
entité et Celui-ci ne peut être qu’Allah ! [...]
Ceci à cause de ce qui s’y trouve comme confidentialité avec Le Seul auprès duquel se
tranquillisent les coeurs et s’apaisent les âmes.
Le bien-être se trouve dans l’invocation, l’humilité, le rabaissement et particulièrement au
moment de la prosternation.
En effet, c’est dans cette position que l’adorateur est le plus proche de son Seigneur.1
Comme le disait le prophète -salla Allahou ‘alayhi wa salam- au muezzin :
« Ô Bilal ! Repose-nous avec la prière ! »
Ceci indique que le repos du prophète -salla Allahou ‘alayhi wa salam- se trouvait dans la
prière de même que sa plus grande réjouissance.
Comme tout cela est bien loin de la parole de celui qui dit : « Venez ! Prions pour être
débarrassés de la prière ! »
La personne aimant vraiment Allah trouve son repos et sa réjouissance dans la prière.
Alors que l’inconscient et celui qui s’est détourné n’ont rien de tout cela.
Bien au contraire la prière est un poids énorme et très difficile pour eux.
Dés qu’ils commencent à prier, c’est comme s’ils étaient debout sur de la braise ardente
jusqu’à ce qu’ils la terminent.
Et la prière qu’ils préfèrent, est la plus courte et la plus rapide, ceux-là n’ont aucune
réjouissance dans la prière et leurs coeurs ne se reposent pas par elle.
Et si le serviteur atteint la plus grande réjouissance par une chose et que son coeur se repose à
sa rencontre, alors rien ne lui sera plus difficile que de s’en séparer.
En revanche, celui qui doit faire la prière mais dont le coeur est vide du rappel d’Allah et de
l’au-delà, qui a été éprouvé par l’amour de ce bas monde, la prière sera la chose la plus
difficile pour lui.
Et le plus détestable pour lui sera de la faire durer bien qu’il ait du temps libre, qu’il soit en
bonne santé et qu’il ne soit pas occupé !
Il faut savoir que la prière avec laquelle on atteint la plus grande réjouissance et avec laquelle
le coeur se repose est celle qui regroupe les six points suivants :
Premier point : La sincérité
Ce point consiste à ce que le seul motif qui incite et pousse le serviteur à faire la prière soit :
L’espoir en Allah
L’amour porté à Son égard
La sollicitation de Sa satisfaction
L’affection envers Lui
Le fait de vouloir se rapprocher de Lui
L’application de Ses ordres.
De telle sorte que le motif ne soit nullement un bien de ce bas-monde, bien au contraire, le
serviteur prie en recherchant le visage de Son Seigneur (Le Plus-Haut) et Son amour, en
craignant Son châtiment et en espérant Son pardon et Sa récompense.
Deuxième point : La véracité et la loyauté
Ce point consiste à consacrer son coeur à Allah dans la prière, en mettant toutes ses capacités
pour rencontrer Allah en accomplissant celle-ci.
En dédiant tout son coeur à la prière, en l’accomplissant de la meilleure manière et le plus
parfaitement aussi bien en apparence que dans le caché.
En effet, la prière a une partie apparente et une partie cachée.
Sa partie apparente sont les gestes que l’on voit et les paroles que l’on entend.
Alors que sa partie cachée est le fait de se recueillir, de surveiller ses actes, de consacrer son
cœur à Allah, et de s’adonner totalement à Lui ; De sorte que le cœur ne se détourne pas de
Lui dans la prière.
Donc, la partie cachée de la prière est son âme, et sa partie apparente est son corps.
Et si l’âme manque à la prière, elle sera semblable à un cadavre.
Le serviteur n’a t’il pas honte de présenter une telle chose à son Maître !
Pour cela, elle sera enroulée comme on enroule un habit et on frappera avec, le visage de son
propriétaire.
Puis elle dira : « Qu’Allah te perde comme tu m’as perdu ! »
Par contre la prière dont l’apparent et le caché sont parfaits, s’élèvera en étant une preuve et
une lumière comme celle du soleil jusqu'à ce qu’elle soit présentée à Allah, qui en sera
satisfait et l’acceptera.
Et elle dira alors : « Qu’Allah te préserve comme tu m’as préservée ! »
Troisième point : Le suivi du prophète
Ce point consiste, à ce que le prieur fasse tout son possible pour suivre le prophète -salla
Allahou ‘alayhi wa salam- et qu’il prie comme le prophète.
Qu’il se détourne de tout ce que les gens ont innové dans la prière, comme ajout ou
diminution, ainsi que de toute chose qui n’a pas été rapportée comme venant du prophète (que
la prière et la paix d'Allah soient sur lui) ou de l’un de ses compagnons. [...]
Cela, sans se pencher sur les propos de ceux qui délaissent la parole du prophète -salla
Allahou ‘alayhi wa salam- et sa sunna en disant : « Nous, nous suivons l’école d’un tel. »
Ceci ne le délivrera pas auprès d’Allah et ne sera pas considéré comme étant une excuse
valable pour celui qui s’est détourné de ce qu’il a appris de la sunna.
Ceci, car Allah -ta’ala- a ordonné d’obéir à Son messager -salla Allahou ‘alayhi wa salam- et
de ne suivre que son prophète. Il ne leur a pas ordonné de suivre autre que lui.
Toutefois il est permis d’obéir à un autre que lui, si celui-ci ordonne ce que le prophète -salla
Allahou ‘alayhi wa salam- a ordonné.
En effet, toute parole, excepté celle d’Allah et du prophète -salla Allahou ‘alayhi wa salam est
susceptible d’être prise ou d’être rejetée.
Allah -ta’ala- a juré par Lui-Même que nous ne croirons pas jusqu’à ce que nous prenions le
prophète comme juge dans nos disputes et que nous nous soumettions complètement à sa
sentence.2
Le fait de prendre comme juge autre que lui et de s'y attacher ne nous sera pas profitable et ne
nous sauvera pas du châtiment d’Allah.
Et il n’acceptera pas de nous cette réponse lorsque nous entendrons Son appel -ta’ala- le jour
du jugement dernier.
« Qu’avez-vous répondu aux Messagers ? » (Sourate 'le recit' verset 65)
Il nous demandera certes ceci et Il attendra une réponse. En effet, Le Très-Haut a dit :
« Nous interrogerons ceux vers qui furent envoyés des messagers et Nous interrogerons
aussi les envoyés. »
(Sourate 'El araf' verset 6)
Le prophète -salla Allahou ‘alayhi wa salam- a dit :
« Il m’a été révélé que vous serez éprouvés et interrogés à mon sujet. »
C’est-à-dire l’interrogatoire de la tombe, celui à qui est parvenu une sunna du prophète -salla
Allahou ‘alayhi wa salam- et l’a délaissée pour le dire d’un autre, viendra le jour du jugement
dernier et saura qu’il était dans une énorme erreur.3
Quatrième point : La perfection (El ihsan)
Ce point consiste au fait d’être vigilant dans ces actes, que le serviteur adore Allah comme s’il Le voyait.
Ce point ne se réalise qu’après avoir complété sa foi en Allah, en Ses Noms et en Ses Attributs.
Qu’il atteste qu’Allah -ta’ala- est au dessus des cieux, établi sur Son trône, en train de parler
pour ordonner et interdire, en train de diriger les affaires de Ses créatures.
Comme s’il attestait l’ordre d’Allah descendant et remontant vers Lui.
Comme s’il voyait les oeuvres des serviteurs présentées à Allah ainsi que leurs âmes lors de leurs décès.
Le serviteur témoigne de tout cela avec son coeur ainsi qu’il témoigne des Noms et Attributs d’Allah.
Et il témoigne qu’Allah est Celui qui subsiste par Lui-même et n’a besoin de personne et tout le monde a besoin de Lui.
Il témoigne qu’Allah est le Vivant, l’Entendant, Le Clairvoyant, Le Puissant, Le Sage,
L’Ordonnant, L’Interdisant, Il aime et déteste et Il agrée et se met en colère.
Et il témoigne également qu’Allah fait ce qu’Il veut et juge ce qu’Il veut, qu’Il est au-dessus
de son trône, rien ne lui est caché parmi les oeuvres de Ses serviteurs, leurs paroles ainsi que
ce qu’ils dissimulent.
Bien au contraire, Il connaît la perfidie des regards et ce que renferment les poitrines.
"El ihsan" est la base de toutes les oeuvres du coeur.
En effet, l’ihsan oblige la pudeur, la vénération, l’admiration, la crainte, l’amour, le repentir,
la confiance, l’humilité, le rabaissement à Son égard (qu’Il soit glorifié) en coupant court aux
doutes et aux insufflations de l’âme en consacrant le coeur et les préoccupations à Allah.
Le rapprochement du serviteur auprès d’Allah se fera qu’en fonction de son "ihsan".
Et par ceci les prières se différencient à tel point, qu’il arrive, que la distinction entre la prière
de deux hommes, soit aussi grande que celle qu’il y a entre les cieux et la terre.
Alors qu’ils se tiennent debout, s’inclinent et se prosternent exactement de la même manière.
Cinquième point : La faveur
Il consiste à témoigner que toute la faveur vient d’Allah -Ta’ala-, Celui qui a mis le serviteur
debout à tel endroit, qui l’a préparé et qui lui a permis de se mettre debout avec son coeur et
son corps pour Sa dévotion.
Et sans Allah -Ta’ala- il n’y aurait rien eu de tout cela.
Comme le souligne ces vers que les compagnons récitaient devant le prophète -salla Allahou
‘alayhi wa salam- :
Par Allah, sans Allah nous n’aurions pas été guidés
Et nous n’aurions ni donné l’aumône ni prié
Et Allah -Ta’ala- a dit :
« Ils te rappellent leur conversion à l’Islam comme si c’était une faveur de leur part. Dis
: "Ne me rappelez pas votre conversion à l’Islam comme une faveur. C’est tout au
contraire une faveur dont Allah vous a comblé en vous dirigeant vers la foi, si toutefois
vous êtes véridiques". » (Sourate 'Les appartements' verset 17).
C’est Allah -ta’ala- qui a rendu le musulman et le prieur comme Allah mentionne que son
ami intime (Ibrahim) a dit :
« Notre Seigneur! Fais de nous Tes Soumis, et de notre descendance une communauté
soumise à Toi. » (Sourate 'La vache' verset 128.)
Et Il -Ta’ala- a aussi dit :
« O ! Mon Seigneur! Fais que j’accomplisse assidûment la prière ainsi qu’une partie de
ma descendance. » (Sourate 'Ibrahim' verset 40.)
Donc, la faveur est à Allah seul pour avoir rendu Son serviteur obéissant.
Et ceci est l’un de Ses plus immenses bienfaits sur Son serviteur.
Allah -ta’ala- a dit :
« Et tout ce que vous avez comme bienfait provient d’Allah. » (Sourate 'Les abeilles' verset 53).
Et Il a aussi dit :
« Mais Allah vous a fait aimer la foi et l'a embellie dans vos coeurs et vous a fait détester
la mécréance, la perversité et la désobéissance. Ceux-là sont les biens dirigés. » (Sourate 'Les appartements' verset 7).
Ce point est l’un des plus importants et des plus utiles pour le serviteur.
Plus il revivifie son unicité envers Son Seigneur, plus ce point chez lui sera complet.
Parmi les choses profitables de la reconnaissance de la faveur d’Allah, c’est qu’elle
s’interpose entre le coeur, et entre la vanité et la fierté provoquée par l’adoration.
Ainsi, quand le serviteur témoigne qu’Allah -Ta’ala- est Celui a qui revient la faveur, Celui
qui a permis et guidé à la réalisation de l’acte, ce témoignage le détournera de l’ostentation,
de la fierté et de l’orgueil.
Tout cela sera ôté de son coeur, il ne pourra pas s’enorgueillir de son acte.
Cela sera aussi ôté de sa langue, il ne rappellera pas aux gens ses actions, et avec, il ne se
gonflera pas d’orgueil.
Ce sont là, les caractéristiques de l’action acceptée par Allah. [...]
Sixième point : Le manquement
Certes, même si le serviteur a fait tous ses efforts et tout son possible il aura quand même un manquement.
Le droit d’Allah sur lui est supérieur à ce qu’il a fait.
Ce qu’il doit présenter comme obéissance, adoration et servitude doit être largement supérieur à cela.
Son immensité et Son excellence -Ta’ala- exigent une adoration qui Lui convienne.
Et si les serviteurs des rois ainsi que leurs esclaves les servent en les vénérant, les honorant,
les respectant, leur donnant de la considération, ayant de la pudeur à leur égard, en ayant peur
d’eux et en les craignant, en étant loyaux, de telle sorte qu’ils consacrent à leurs rois leurs
cœurs et leurs membres.
Alors, qu’en est-il si c’est le Roi des rois et le Seigneur des cieux et de la terre ?
Il en va qu’Il est plus en droit à être servi de la sorte, même d’avantage.
Si le serviteur témoigne par lui-même qu’il n’a pas donné l’adoration qu’Allah est en droit de
recevoir et même pas ce qui s’en rapproche, il sera certain de Son manquement.
Il ne pourra alors faire autre chose que d’implorer le pardon et de s’excuser pour son
manquement, son délaissement ainsi que son non-accomplissement de ce qui convient à Allah
comme droit.
Le serviteur a plus besoin qu’Allah lui excuse son adoration et Lui pardonne pour son
manquement dans celle-ci que de demander une récompense pour son adoration.
Et même s’il adore Allah comme il se doit, il n’aura fait que son devoir de serviteur.
En effet l’action du serviteur et son dévouement envers son maître sont son devoir puisqu’il
est serviteur et esclave de celui-ci, et s’il venait à demander un salaire pour son action et son
travail, les gens le considéreraient comme stupide et insensé.
Bien qu’en vérité il n’est pas son esclave et ne lui appartient pas, mais est bel et bien l’esclave
d’Allah et Sa propriété, et ceci en tout point de vue.
L’action du serviteur et son dévouement sont ses devoirs en tant que serviteur d’Allah et s’Il
le récompensait, ceci ne serait que par pure bienfaisance, faveur et charité et ne fait en aucun
cas parti des droits du serviteur.
Par ceci, nous comprenons la parole du prophète -salla Allahou ‘alayhi wa salam- :
« Personne d’entre vous n’entrera au paradis par ses oeuvres. »
Ils (les compagnons) dirent alors : « Pas même toi ? Ô messager d’Allah ! »
Il répondit : « Pas même moi, sauf si Allah me comble de Sa miséricorde et de Sa
bienfaisance. »
Anas Ibn Malik -qu’Allah l’agrée- a dit :
« On sortira au serviteur, le jour du jugement dernier, trois registres : un registre pour ses
bonnes oeuvres, un autre pour ses péchés et un autre pour les bienfaits qu’Allah lui a donné.
Le Seigneur (qu’Il soit exalté) dira alors à Ses bienfaits : « Prenez vos droits dans les bonnes
œuvres de mon serviteur »
Alors le plus petit des bienfaits se lèvera et prendra toutes les bonnes oeuvres du serviteur et il
dira « Par Ta puissance, je n’ai toujours pas pris mon droit »
Si Allah veut faire miséricorde à son serviteur Il lui fait don de ses bienfaits, lui pardonne ses
péchés, et lui multiplie ses bonnes actions »
Cette parole est authentique selon Anas. [...]
Il y a dans cette parole de compagnon comme science et connaissance que ne peuvent
percevoir que les doués de clairvoyance et ceux qui connaissent parfaitement Allah, Ses
Noms, Ses Attributs ainsi que Ses droits. A partir de là on comprend la parole du prophète -
salla Allahou ‘alayhi wa salam- dans le hadith rapporté par Abou Daoud et l’imam Ahmed
d’après Zaid ibn Thabit, Houdaifa et d’autres :
« Si Allah châtie les gens des cieux et de la terre, Il Le ferait sans être injuste envers eux.
Et s’Il est Miséricordieux envers eux, Sa Miséricorde est meilleure que leurs actes. »
[Gloire et pureté à Toi, ô Seigneur, que Ta louange soit proclamée.]
Et Allah est le plus Savant.
1°/ Le shaykh fait référence ici au hadith suivant : D'après 'Abû Hurayra -qu’Allah l’agrée-, l'Envoyé d'Allah -salla
Allahou ‘alayhi wa salam- a dit : « Le Serviteur est plus proche de son Seigneur en prosternation, multipliez-y donc vos invocations ».
(Rapporté par Mouslim.) Et Allah est le plus Savant.
2°/ Le shaykh fait référence ici au verset suivant : « Non !... Par ton Seigneur ! Ils ne seront pas croyants aussi
longtemps qu'ils ne t'auront demandé de juger de leurs disputes et qu'ils n'auront éprouvé nulle angoisse
pour ce que tu auras décidé, et qu'ils se soumettent complètement (à ta sentence). » Sourate 'Les femmes'
verset 65. Et Allah est le plus Savant.
3°/ Le shaykh fait référence ici au hadith suivant : D'après Asmà bint Abi Bakr -qu’Allah l’agrée-, le prophète salla
Allahou ‘alayhi wa salam- a dit: « On m’a ainsi révélé que vous allez subir dans vos tombes une
épreuve (tentation) qui serait identique ou comparable à celle de l’Antéchrist. On demandera à chacun de
vous : « Que sais-tu de cet homme (Mohamed) ? » Le croyant ou le convaincu répondra : « C’est
Mohamed le Messager d’Allah. Il nous a apporté les preuves évidentes et la bonne direction et nous avons
répondu à son appel et l’avons suivi. Il est Mohamed (trois fois.) » On lui dira alors : « Dors
tranquillement Ô pieux, nous savions bien que tu croyais en lui avec certitude. » Quant à l’hypocrite ou le
sceptique, il répondra : « Je n’en sais rien, j’ai seulement entendu les gens dire quelque chose, et je l’ai dit
aussi. » » Rapporté par Bukhari.
Par l’imam Ibn Abî Bakr Ibn Qayyîm al-Jawziya
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Par TawhidWaSunnah le 1 Février 2014 à 00:38
Louange à Allah et que la Bénédiction et la Paix d'Allah soient sur notre Prophète Muhammad ,sa famille, ses compagnons et quiconque suit sa voie.
« Il n’y a pas de divergence entre les savants quant à la mécréance de celui qui
abandonne [la prière] en reniant son obligation, si une personne comme lui ne peut
ignorer [qu’elle est obligatoire].
Par contre, si une personne telle que lui n’en connait pas l’obligation, comme celui qui
vient de se convertir à l’Islam, ou qui ne grandit pas dans une terre d’Islam, ou dans un
désert loin des contrées où se trouvent les savants : il ne sera pas jugé mécréant. (1)
Il faudra d’abord lui faire connaître [l’obligation de la prière] et lui confirmer les
preuves de son obligation ; si après cela il en renie toujours l’obligation : il devient
mécréant. Mais si celui qui en renie l’obligation est quelqu’un qui grandit dans une
contrée où se trouvent les savants : il devient mécréant dès qu’il la renie.
Et il en est de même pour tous les piliers de l’Islam qui sont la Zakât, le jeûne et le
pèlerinage : car ce sont les piliers de l’Islam et les preuves de leurs caractère obligatoire
n’échappe quasiment à personne, vu que le Coran et la Sounna sont rependus ainsi que
leurs preuves, ceci fait objet de consensus.
Le seul qui puisse renier son obligation est celui qui s’entête contre l’Islam et refuse de
s’engager à ses lois et d’accepter le Livre d’Allah, la Sounna de Son prophète et le
consensus de sa communauté. »
Source : Al Moughnî, tome 12, page 275.
(1) C'est-à-dire : il n’est pas banni de l’Islam et reste musulman, tant qu’il est monothéiste
Par l’Imâm Ibn Qouddâma Al Maqdissi
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Par TawhidWaSunnah le 27 Janvier 2014 à 14:11
Louange à Allah et que la Bénédiction et la Paix d'Allah soient sur notre Prophète Muhammad ,sa famille, ses compagnons et quiconque suit sa voie.
Et les gens, en ce qui concerne l’accomplissement de leur prière, sont divisés en cinq niveaux:
Le premier : Le niveau de celui qui est négligent et fait du tort à son âme : Il est celui qui échoue dans l’accomplissement correct des ablutions, de la prière en son temps, ses limites indiquées et dans l'accomplissement de ses piliers essentiels.
Le deuxième : Celui qui préserve ses prières dans leurs temps appropriés et dans leurs limites indiquées, accomplit leurs piliers essentiels et accomplit ses ablutions avec soin. Cependant, son effort (dans la réalisation de ceci) est perdu par des chuchotements dans sa prière, donc il est emporté par des pensées et des idées.
Le troisième : Celui qui préserve ses prières dans les limites indiquées, accomplit leurs piliers essentiels et s'efforce de repousser les chuchotements, les pensées et les idées. Il est occupé à la lutte contre son ennemi (Shaytan) pour qu'il ne vole pas de sa prière. À cause de cela il est engagé (à la fois) dans la prière et le jihad.
Le quatrième : Celui qui est debout pour la prière, achève et perfectionne ses droits, ses piliers essentiels, exécute cela dans ses limites indiquées et son coeur est absorbé par la préservation de ses droits et limites indiquées, pour que rien n'en soit gaspillé. Son souci entier est dirigé vers son établissement, son achèvement et sa perfection, comme il doit être. Son coeur est immergé dans la prière et dans la soumission à son Seigneur le Glorifié.
Le cinquième : Celui qui est debout pour la prière comme celui mentionné ci-dessus.Cependant, en plus de cela, il a pris et placé son coeur devant son Seigneur, regardant vers Lui avec son coeur avec attente, (son coeur) rempli de Son amour et de Sa force, comme s'il voyait Allah. Les chuchotements, les pensées e t les idées ont disparu et les voiles entre lui et son Seigneur sont levés. Ce qu’il y a entre cette personne et d'autres en ce qui concerne la prière, est supérieur et plus grand que ce qu’il y a entre le ciel et la terre. Cette personne est occupée par son Seigneur, enchanté par Lui.
Le Premier type sera puni, on demandera des comptes au deuxième type, le troisième aura ses péchés et défauts expiés, le quatrième sera récompensé et le cinquième sera près de son Seigneur, parce qu'il recevra la part de celui qui fait sa prière le délice et le plaisir de son œil.
Quiconque fait de sa prière, le délice et le plaisir de son oeil, aura la proximité de son Seigneur comme délice et plaisir de son oeil dans l’au-delà. Il sera aussi un plaisir pour l'oeil dans ce monde, car quiconque fait d’Allah le plaisir de son oeil dans ce monde, chaque oeil sera enchanté et satisfait de lui.
Source : Al-Wâbil As-Sayib
Par l’Imâm Ibn Al-Qayyîm (RahimahuAllah)
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